À l’aube d’une nouvelle étape professionnelle, je me suis dit qu’il serait intéressant de me lancer dans un récapitulatif de mon parcours.
1989-1996 ··· L’école primaire
Je veux être archéologue en plongée sous-marine ET éleveuse de loup.
J’avais réfléchi à comment faire les deux à la fois.
1996-2000 ··· Le collège
Je me souviens avoir débuté le collège en voulant être médecin. Je ne suis pas sûre de la spécialité visée, peut-être gynéco (déjà féministe).
Ensuite je voulais être styliste et designeuse de vêtements.
2000-2003 ··· Le lycée
En fin de lycée, le choix s’est fait entre interprète (je rêvais de l’ONU) et vétérinaire ou agronome.
J’ai toujours eu des facilités à l’école (on m’a testée à haut potentiel intellectuel petite, j’avais un an d’avance), j’avais vraiment du choix.
Je lis Rural, d’Etienne Davodeau, et c’est la révélation : si je veux sauver le monde (ça commence !), je dois travailler à la base, l’agriculture.
Je vais faire une prépa BCPST (biologie, chimie, physique, sciences de la terre – le M est omis mais on a bien bouffé des maths) pour devenir vétérinaire ou agronome et travailler pour Agronomes et vétérinaires sans frontières.
2003-2005 ··· La prépa
Au fur et à mesure de la prépa, mon choix s’affine : ça sera l’agronomie. La perspective d’études encore très longues pour vétérinaire me rebute, et j’aimais la diversité des études d’agro.
Après le concours, je suis prise à l’INA P-G (Institut national agronomique Paris-Grignon, devenu AgroParisTech).
2005-2008 ··· L’Agro
Pendant ma première année, je me morfonds jusqu’aux premiers cours de développement agricole. Quand ils commencent, c’est bon, je suis sur ma voie.
En deuxième année, je veux partir en semestre à l’étranger. Je me débrouille pour partir seule, là où personne n’était encore allée : le Chili.
Dès mon arrivée, gros choc culturel. Je ne pourrais pas vivre dans un pays du Sud. J’ai adoré mon séjour mais je ne vivrai pas une vie d’expatriée.
Après mon semestre, je devais enchaîner sur un stage de 6 mois pendant une année de césure, je renonce.
Je ferai un stage de 3 mois et retour en France.
Je trouve un stage/petit boulot dans une association de développement humain à Paris. J’aide à la refonte du site internet, à la publication d’une petite revue, à l’organisation d’une rencontre interculturelle.
2008-2009 ··· La spé Développement agricole
Je rentre en dernière année à l’Agro, dans la spécialité Développement agricole. Tous mes plans pour aller travailler en Amérique latine, en Afrique, en Asie, sont à l’eau, mais je sais que c’est la seule spécialité qui m’intéresse. C’est celle des hippies après tout !
Les cours sont absolument merveilleux (en plus j’avais pleins d’amis dans la spé avec moi).
Je cherche à faire mon stage en Scandinavie, je trouve au Danemark.
Le stage se passe super bien sur place (coucou Cheetu !) mais je manque de suivi, au retour la soutenance se passe mal.
Je n’envisage pas de travailler dans le développement agricole en France ou en Europe, pas assez de moyens et le modèle agricole européen me déprime.
2010-2012 ··· L’arrivée à Nantes
Début 2010, je débarque donc à Nantes.
Je loge chez ma mère, à la Cité radieuse.
Je me cherche beaucoup, je postule pour quelques boulots dans la défense de l’environnement mais ça ne donne rien. Je commence à me voir assistante d’artiste. L’art m’a toujours attirée (je chante depuis toute petite, j’ai fait beaucoup de théâtre). Je pense encore à sauver le monde mais je suis perdue, je dois me sauver d’abord moi.
Finalement, j’avais un entretien prévu avec une association de protection des abeilles mais je suis prise ailleurs avant.
Je suis embauchée en mai 2010 comme assistante musique et gastronomie au lieu unique.
Je fais un an au lieu unique et un an au Voyage à Nantes.
C’était génial !
Le festival Les Goûts uniques, les dîners secrets, les repas pour 200-1000 personnes, les marchés de producteurs de la région…
Et les concerts, l’accueil des artistes, l’organisation d’événements…
J’achète mon nom de domaine et je fais même une petite émission de radio musicale en anglais sur EuradioNantes (ça s’appelait Music Ruffles).
2012-2013 ··· L’entre-deux
Après mon contrat, j’attends qu’on me rappelle pour continuer au Voyage à Nantes, en vain.
Je tente le maraîchage, ça ne marche pas. Je fais un peu de médiation culturelle, de la pâtisserie (j’envisage le CAP – je vais voir le GRETA). Je pense aussi à devenir orthophoniste.
Ça ne donne rien alors je commence à chercher des remplacements comme prof de SVT.
À défaut de sauver le monde, je pourrais sauver des gens par l’éducation.
2013-2014 ··· Le lycée Nature
À la rentrée 2013, je fais donc un remplacement comme professeure de biologie-écologie au Lycée Nature (lycée agricole public) de La Roche-sur-Yon.
Je m’y plais beaucoup.
J’envisage de passer le concours de professeur de SVT dans l’enseignement agricole (les possibilités géographiques me font renoncer).
Je m’intéresse beaucoup aux adaptations de mes cours pour les élèves dyslexiques.
Alors c’est décidé, je vais être professeure des écoles pour devenir enseignante spécialisée !
En fin d’année scolaire, je fais des stages en ULIS école et en IME.
À l’été, Dunkerque naît.
2014-2016 ··· Professeure des écoles
Je prépare le concours dans le cadre du M1 MEEF [signification] et je le réussis.
À la rentrée 2015, je suis stagiaire professeure des écoles.
Je ne m’étendrai pas ici, c’est encore assez traumatique pour moi, mais disons que ça ne se passe pas bien du tout.
Je me rends compte que je ne suis pas bien dans le système éducatif (que je remets en cause d’ailleurs), qu’enseigner les maths et le français m’ennuie profondément, que je ne sais pas gérer un groupe de 20-30 enfants…
Ma démission de l’Éducation nationale est effective fin avril 2016.
Après l’agronomie, je me confronte une nouvelle fois aux limites du système.
Je me cherche de nouveau. Je découvre le zéro déchet et entame ma transition écologique personnelle (produits ménagers, savons, shampoings, cosmétiques).
Je pense au journalisme, à la médiation scientifique.
Dans le cadre de cette veille, je trouve une offre pour un poste de chargée de communication pour un programme pédagogique innovant à la fac de médecine à Nantes (MAN-IMAL).
Ce boulot semble être la synthèse parfaite de mon parcours : des sciences, de la transmission, des événements à organiser…
2016-2018 ··· La communication chez MAN-IMAL
La première année est top : je crée mon poste, je mets des choses en place (newsletter, veille, …), j’organise des trucs (colloques, formation média training, …).
À côté de ça, je suis dans ma 7ème année dans une merveilleuse chorale pop (Y.Birds), je continue Dunkerque, je prends des cours de guitare et j’ai une chronique écolo sur SUN Radio (Soleil Vert).
Je tombe enceinte aussi !
Au retour de mon congé maternité, je commence à tourner un peu en rond au travail.
Sur mon temps libre, je redécouvre le code (ce site fait-main à 10 ans). Je m’imagine faire un formation d’UX-UI Designer.
Et je tombe sur une offre d’emploi de la fac de sciences pour être enseignante en biologie et responsable d’un parcours de remise à niveau : c’est trop pour moi ça !
2018-2020 ··· TREMP-Li-N
À la rentrée 2018, je suis co-responsable du parcours TREMP-Li-N à l’UFR Sciences et Techniques de l’Université de Nantes.
Première année : tête dans le guidon. Je suis en flux tendu toute l’année pour préparer mes cours, découvrir le fonctionnement de la fac, accompagner mes étudiant·es dans leur suivi individuel.
Deuxième année, mes cours sont faits, je commence à avoir envie de plus.
Et si j’aidais à monter une crèche à l’Université ?
Et si je participais à mettre en culture les espaces verts des campus ? On pourrait faire des paniers de légumes, donner à des associations, avoir une petite culture de rente pour rémunérer les étudiant·es maraîchers…
Je cherche donc à savoir comment être pérennisée sur mon poste (j’étais en CDD d’un an renouvelable) mais les perspectives ne me réjouissent pas. Il faudrait que je passe l’agrégation, au même moment où je devrais revoir mes cours et d’autres questions personnelles…
C’est trop pour moi. Je me rends compte que je n’aurai pas ici les conditions de travail qui m’intéressent et une liberté d’action qui me manque.
2020…
C’est décidé, je ne renouvelle pas mon contrat.
Je reviens rapidement sur les différentes idées d’entrepreneuriat qui me sont passées par la tête (et ont été consignées dans mon petit carnet) :
- les gâteaux (cf. le CAP Pâtisserie), bio, locaux, zéro déchet
- la bière (j’avais fait un atelier de brassage trop bien), bio, local (je serai paysanne-brasseuse), je réfléchis à comment économiser au mieux l’eau et l’énergie – un gros boulot
- le pain (le boulot de Matthieu à St-Mars-de-Coutais m’inspire), paysanne-boulangère
- la laine, avec mes moutons ou alors trouver comment relocaliser la filature de laine artisanale dans l’Ouest
Impossible de choisir. Tout ça me semble trop complexe.
Je me dis alors (nous sommes en février 2020) que dans un premier temps, je peux me lancer sur moi : mes savoirs compétences déjà là, sans investissements financiers.
Je pense alors monter et proposer des ateliers / formations sur le zéro déchet, l’écologie, le féminisme…
L’exemple de départ que je donne c’est un atelier où apprendre à faire sa propre lessive, en y rajoutant des données sur comment les lessives fonctionnent, pourquoi les lessives traditionnelles sont néfastes pour l’environnement, comment fonctionne celle qu’on fait… Avec comme sous-objectif de changer les mentalités en profondeur (comment continuer à voter à droite quand on commence à faire sa propre lessive ?).
Depuis, le coronavirus est arrivé et petit à petit les choses ont changé.
J’ai fini mon année à la fac aussi bien que possible.
À la maison, on avance dans nos rêves de vie écologique : une tiny house avec panneaux solaires et récupération d’eau de pluie, une certaine autonomie alimentaire, un éco-lieu…
Après 3 semaines de vacances, je commence à me remettre dans mon projet professionnel.
Et en cette fin d’été, force est de constater que je ne veux pas travailler pour « les petits gestes ».
D’autres le font déjà, et très bien.
Je sens au fond de moi que j’ai besoin de quelque chose de plus concret, de plus direct, de plus quotidien.
J’ai besoin d’apaiser mon éco-anxiété et ça ne suffira pas de compter sur un changement de comportement des personnes formées dans un futur proche (pour filer l’exemple : après un atelier, tout le monde ne renoncera pas à acheter un bidon de lessive aux prochaines courses – et ne renoncera pas à voter à droite non plus).
Alors qu’est-ce que je vais faire exactement ?
Et bien je ne sais pas.
Projeter mon retour à la terre (bière, pain, laine, ou autre) dans la région de mon cœur (Finistère !) ?
Chercher un travail salarié dans un projet cool (et sécuriser ma famille un temps) ?
Ce qui est sûr c’est que j’ai envie de me laisser un peu de temps pour rencontrer des gens et faire des stages dans des structures qui me plaisent.
On verra ce que ça donnera !
Merci pour cette rétrospective !
Personnellement je suis en « jachère professionnelle » (lire http://goutnature.re/2020/08/les-sens-masques/) car la crise « sanitaire » ne me permet pas de maintenir mon activité comme prévue. On verra ce qui adviendra ensuite. Je tangue vers un retour à la terre, moi aussi, ayant fait le constat que les Institutions sont bien trop normées pourmoi, notamment l’Education Nationale.
J’aime le fait que tu reportes ici tes goûts petite. J’ai offert récemment pour l’enfant d’une amie un « Cahier de Passions ». L’idée est de consigner tous les ans ou les 6 mois (Noël et Anniversaire) les passions et goût des enfants, car cela sera peut-être nécessaire ensuite pour s’orienter, en se remémorant ses joies et préférences d’enfant, de 2 à 22 ans – 32 ans – 42 ans, etc…
Merci Lucile !
Quelle belle idée ce « Cahier de passions ». Oui ça me serait bien utile maintenant, je suis sûre que j’ai eu d’autres idées !
Bon courage pour cette jachère, quelque chose de beau devrait en ressortir.
C’est chouette d’écrire tout ça. Moi je crée une boîte à chaque idée : j’ai besoin de m’entourer.
Ah ouais, une boîte à chaque idée, ça me dirait bien mais ça va en faire beaucoup !