Voici donc la première partie de ma première chronique verte. J’espère que ça vous plaira/intéressera/sera instructif !
Les gens ont plusieurs raisons pour manger des produits issus de l’agriculture biologique : le sentiment de faire une bonne action, la peur des pesticides, la volonté de soutenir une agriculture de proximité. Moi, je le fais pour sauver le monde. Un peu comme tout ce que je fais, enfin c’est ce que j’aime me dire. Je mange bio pour sauver la terre, pas avec un grand T, la terre avec un petit t, l’humus, quoi. Sauver la terre donc et surtout les agriculteurs.
Je vais essayer de vous expliquer. J’ai étudié l’agriculture, alors j’ai eu un peu de temps pour faire mon opinion.
Dans une agriculture labellisée bio, et a fortiori les autres labels plus forts comme Demeter par exemple pour la biodynamie, on n’utilise pas 2 grandes choses : les engrais chimiques et les produits phytosanitaires.
On va commencer par les engrais chimiques.
Je vais commencer par vous dire ce que je pense des engrais chimiques. En résumé : c’est nul.
Pour comprendre, revenons à la base.
Notre alimentation d’humains, et donc notre survie, repose sur les végétaux. C’est-à-dire les plantes, ces êtres vivants qui ont la chance d’avoir des chloroplastes, pleins de chlorophylle, qui leur permettent de grandir, de fabriquer de la matière, grâce à l’énergie du soleil. Ils sont trop forts les végétaux hein !
Notre survie repose sur eux, parce que même si on n’est pas végétariens, on mange alors de la viande, qui est la chair d’animaux qui eux ont mangé des végétaux. C’est le principe des réseaux alimentaires.
Notre survie repose donc sur les végétaux (et sur le soleil du coup, mais ce n’est pas le sujet).
Une plante, un végétal, pour grandir a donc besoin de soleil, d’air, d’eau et de minéraux qu’elle prend dans le sol par ses racines : de l’azote, du phosphore, du potassium…
Dans la nature, par exemple dans une forêt, voilà comment ça se passe : le soleil, c’est bon ; l’air, c’est bon ; l’eau, c’est la pluie ; les minéraux, ils sont dans le sol.
Mais comment ils se retrouvent dans le sol ces minéraux ?
Et bien c’est simple, tout ce qui meurt dans la forêt (les plantes, les animaux) et tous les déchets de la forêts (les feuilles mortes, les cacas des animaux) se retrouve sur le sol. Là, grâce à tout ce qui vit dans le sol, on va fabriquer les minéraux, les aliments des plantes. C’est un vrai travail d’équipe : les insectes et les vers de terre vont faire des petits bouts avec les gros bouts qui sont tombés, ils vont les enfouir, et là, d’autres insectes, des champignons et des bactéries (vous savez, celles qu’on combat à coup d’eau de javel et d’antibiotiques) vont en faire des tout petits petits bouts. Je vous passe les détails mais tout ça ce sont des histoires de manger des petits bouts et faire caca des encore plus petits bouts. Tous ces petits êtres vivants qui mangent des déchets, on les appelle les détritivores.
Et ces tout petits petits bouts seront absorbés par les racines des plantes. Les plantes, finiront par être mangées ou par mourir et re-alimenter le système. Ça tourne.
C’est bien fait non ?
Et bien dans un sol cultivé en agriculture conventionnelle, toute cette vie du sol n’est pas là, tout ce système de recyclage des trucs morts et des déchets n’existe pas vraiment. Ces sols sont en général très pauvres, pas du tout source d’alimentation correcte pour les végétaux que l’on y plante.
Alors pour compenser, on ajoute des engrais, des engrais chimiques.
Comme on n’a pas toutes les petites bêtes et autres pour faire leur boulot, on donne directement des minéraux : de l’azote, du phosphore, du potassium, soit le trio gagnant NPK.
Vu ce qu’on arrive à faire, on les donne sous une forme qui est très mobile : ils ne tiennent pas en place, et quand il pleut dessus, hop, ça file dans les nappes phréatiques et les cours d’eau. Et ça pollue.
Et en plus, les produits là, on les fabrique à partir du pétrole (là je ne pourrais pas vous dire comment, ça me parait même assez mystérieux, mais bon). Et puis bon, le pétrole, on le sait tous : ça pollue et bientôt il n’y en aura plus.
Alors, vous allez me dire, mais on ne met pas que des engrais chimiques, on met aussi du compost, ou du lisier ! Et vous aurez raison !
Le compost, je suis tout pour, d’ailleurs c’est souvent ce qu’on utilise en agriculture biologique. Le compost c’est merveilleux : on fabrique de la terre ! On fait en sorte de favoriser la vie de tout ce petit monde dont je vous parlais : les insectes, les vers de terre, les champignons, les bactéries… et avec des déchets (des trucs morts et du caca toujours – pour ceux qui y mettent le caca de leurs vaches-brebis-chèvres), on fait de la terre ! Magique.
Par contre, le lisier, c’est beaucoup moins cool.
Le lisier, on en entend parler (et sentir) surtout en Bretagne, autour des gros élevages de porcs.
Le lisier (gylle en danois, si si), c’est une mélange de caca et de pipi, de cochon ou de vache. On peut en faire quand les animaux vivent sur des sols avec des trous, comme ça, ça tombe direct dedans (pas très confort de vivre et dormir sur des sols nus avec des trous soit dit en passant).
C’est assez liquide le lisier, alors soit on l’épand (avec une sorte de canon à caca), soit on l’injecte dans le sol (avec une sorte de seringue à caca).
On pourrait croire que c’est super, parce que bon, déjà c’est pas fait avec du pétrole et puis je vous ai bien dit que le sol il aimait recevoir du caca à transformer en terre.
Mais en fait non, c’est pas super : le lisier, un peu comme les engrais chimiques, c’est très mobile, donc ça va vite polluer les eaux (et hop, ça fait du marée verte) et en plus, c’est très très riche en azote, surtout de l’azote oui, plein d’azote.
L’azote c’est utile bien sûr, avec ça on peut faire des protéines par exemple, les plantes adorent ça. Mais trop d’azote tue l’azote : la plante ne peut pas en prendre tant que ça sous cette forme, ça reste dans le sol et quand il pleut : paf marée verte.
Non, une forme de caca qui est bien c’est le fumier : un mélange de caca, de pipi (ça parait sale comme ça l’agriculture mais en fait non hein) et de paille (sur laquelle les animaux vivent, et donc font leurs besoins – plus bien confortable que le sol nu avec des trous).
Là ce qui est bien, c’est qu’on n’a pas que de l’azote, on a aussi du carbone, et ça rend l’azote plus accessible aux plantes. En plus on mélange le fumier avec tout plein d’autres déchets pour faire du compost trop bien.
En agriculture biologique donc, pas d’engrais chimiques mais du compost, de la terre, de la vie, du bonheur finalement.
Allez, c’est tout pour cette fois. La semaine prochaine, je vous parle des produits phytosanitaires : de la mort, de la lutte et de l’écologie !
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